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Les carnets de La Nomadeuse
3 novembre 2014

Trois d'un coup ...

Je reviens sur la série de livres dont je parlais il y a quelques jours ... Excusez-moi si c'est un peu confus, j'ai les neurones un peu hs, mais si je ne rédige pas maintenant, ça ne sera pas fait plus tard ... 

C'est parti pour une présentation chronologique, et il se trouve que mon intérêt est allé crescendo ... voici les trois livres que j'ai dévorés en six jours ... (oui je préfère dire livres que romans, ça fait plus rat ... enfin, vous comprenez, ça fait plus image au premier degré, car c'est vrai, j'étais affamée ...)

1 le flûtiste invisible

Sur un paquebot qui va vers l'Amérique, un jeune homme rencontre un femme qui lui fait perdre toute innocence.

Dans un bistrot, un inconnu vient me dire: "Je vous ai eu dans ma ligne de mire, en Algérie."

C'est parce qu'il  avait froid, dans une briqueterie en Hongrie, que mon voisin, quand il était enfant, a échappé à Auschwitz.

Par trois fois, le "flûtiste invisible", qu'on peut appeler le hasard - ou la main de Dieu -, fait basculer des existences. Pourquoi ? C'est toute la question du roman.

Ce bouquin m'a bien plu mais ne m'a pas touchée en profondeur ... je me sens en accord avec son écriture, et en partie en accord avec ses propos ... c'est vrai que c'est extraordinaire, à quoi tient une destinée humaine ... il y a fort à dire là-dessus, car inévitablement on en vient à parler des croyances ... Pour Labro (et Einstein qu'il cite en ouverture de son ouvrage) "tout est déterminé par des forces sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle" ... c'est dit de façon très poétique par le physicien*, et Labro s'appuie sur cette citation pour développer son émerveillement ... Ceci ( la destinée humaine, le hasard, Dieu, le karma, le libre-arbitre, ce qui est déterminé et ce qui ne l'est pas ...) est un sujet récurent dans les livres qui peupl(ai)ent mes étagères,  j'étais donc en terrain connu, et c'était agréable de voir ce sujet sous l'angle de la narration littéraire, mais bon, ça ne m'a pas marquée plus que ça ...

Les trois récits sont présentés de façon autobiographique, puisqu'à chaque fois, PL est partie prenant de l'histoire ... on ne sait où sont les limites entre fiction et réalité ... C'est le deuxième récit que j'ai le plus aimé, notamment pour  la façon dont sont décrits  les personnages ... (c'est bête, non ? mais comme quoi, Labro manie de front avec habileté littérature et questionnement philosophique...)

 

 

1 la couleur des

Chez les Blancs de Jackson, Mississipi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité [...] La jeune bourgeoise blanche et les deux bonnes noires, poussées par une sourde envie de changer les choses malgré la peur, vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

C'est une histoire à trois voix: on a différents points de vue, il y a des télescopages temporels, c'est intéressant ... Le rythme est haletant, je n'ai pas pu lâcher le bouquin pendant deux jours ... c'est vrai qu'on a peur, qu'on s'indigne, qu'on est ému et qu'on se marre ... j'ai aussi beaucoup aimé la finesse du scénario, on a des réponses pour certaines questions, et on reste sans pour d'autres ... on doit se débrouiller, et c'est très bien ainsi ...  L'écriture est excellente, tout en finesse, très fluide et très vivante (ce fut une des interrogations éthiques de l'auteure: "écrire en prenant la voix d'une Noire"). En postface,  Kathrin Stockett, née en 1969 et élevée par une nourrice noire,  explique la raison pour laquelle elle a voulu écrire ce roman ... (C'est un détail, mais j'ai aimé que le magnifique "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" soit évoqué à plusieurs reprises dans le roman)...

 

 

 

 

1 la lettre qui allait

 Il aura suffit d'une lettre - la lettre d'adieu d'une amie qui se meurt - pour jeter Harold Fry sur les routes d'Angleterre. Quelques sous en poche, une paire de chaussures-bateau et l'espoir de la revoir une fois encore [ ... ] Harold marche, persuadé que tant qu'il avance, son amie vivra. Il marche et il repense à sa vie. Mille kilomètres parcourus pour que le destin d'Harold Fry rejoigne celui de sa femme, son fils, son amie, et tous ceux qu'il croise sur sa route ...

 Ah ben ça décoiffe ... 

On part vers la boîte aux lettres la plus proche avec ce vieil Harold, et on se trouve embringué dans un périple de mille kilomètres ... ça, c'est une chose, les kilomètres, la route, les rencontres ... mais bons sang, ce type a emmagasiné tellement de souffrances, de non-dits, que forcément, là, avec la marche, ça lui pète à la figure ... et à celles des autres au passage, et évidemment à celle des lecteurs ... enfin, ça c'est moi qui le dis ... tout dépend comment on prend les choses ... certains critiques parlent de rire, de drôlerie, d'humour ... mouais ... ok, il y a des passages marrants par la fantaisie des tableaux, mais franchement, je n'ai ni ri ni souri, pendant ma lecture ... j'ai trouvé que c'était génial, plein de finesse (là aussi) et plein de puissance en même temps ... Comme le passé remonte au fil des kilomètres, on reconstitue petit à petit l'histoire d'Harold, mais rien n'est livré sur un plateau, cerains faits ne sont évoqués que par bribes de bribes, vite étouffés car trop durs à supporter ... mais il faut quand-même que ça sorte ... et le chemin se fait aussi pour l'épouse, qui est restée à la maison, et c'est intéressant de voir comment des personnages se bâtissent au sein d'un couple, et d'une famille, et comment chacun finit par croire au rôle qu'il s'est donné/qu'on lui a attribué ... ça remue les parts d'ombre qu'on a  en soi, pour sûr ... En même temps qu'on est dans le passé, on se demande ce qui va se passer le lendemain, à l'issue du voyage, si toutefois il arrive au bout, et l'on est aussi plongé dans les urgences ou les flâneries du présent ... Et puis comme je disais, "un type qui marche, ça peut que me plaire", oui, un type qui marche, une nana qui nomadise, y a des parallèles à faire ... alors je vous rassure, ma vie n'a rien à voir avec celle d'Harold, mais comme j'entre en empathie complète avec les héros des bouquins que je lis, forcément, ça m'a travaillée aussi ... De part son cheminement, petit à petit il se dépouille de ses biens, il entre dans le détachement matériel, il entre dans une sorte de deal, de donner-recevoir, où ses besoins vitaux dépendent des autres et lui, il les écoute, il leur apporte sa présence tout simplement ... il va même à être autosuffisant, en reconnection avec la nature, il y a de chouettes passages sur sa métamorphose de citadin anesthésié au marcheur rimbaldien (wouah, il fallait y penser, à celle-là, mais c'est vrai, vient le moment où son auberge est à  la Grande -Ourse ) Sinon, pour l'anecdote, j'ai visualisé certains passages de Forest Gump, quand il fait "sa marche" en courant ... c'est d'ailleurs un passage que je n'ai pas aimé (normal, il y avait du monde, c'était le bordel ...) j'ai cru à un moment que l'auteure partait dans un délire et que le roman allait se planter, mais non, je crois qu'elle a voulu faire un clin d'oeil à Forest, à Ganghi et à d'autres dont je n'ai plus les noms ... Harold a de nouveau retrouvé sa solitude, et a même commencé à sombrer dans une sorte de folie ... et Rachel Joyce nous tient en haleine jusqu'au bout avec une grand maîtrise d'écriture !!!

Ouf !!! Les petites curieuses sauront maintenant quel livre m'a tant laissé de marques dans mes neurones dimanche ...

Et maintenant je m'aperçois, que le mot "destin" apparaît sur les trois livres, soit dans le titre, soit dans les quatrièmes de couverture, et qu'il est le sujet central, explicitement ou implicitement, dans ces trois romans ... bizarre ... comme quoi, cette question, ça me titille ...

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Commentaires
O
Les 3 me font envie, je voulais lire la couleur des sentiments depuis longtemps puis il y a eu la version ciné, j'y suis allée et j'ai adoré, le livre doit être au top !<br /> <br /> pour toi ce sera l'histoire d'harold (enfin je pense..)<br /> <br /> bisous
Les carnets de La Nomadeuse
  • Nomade je deviens ... jeune retraitée qui a encore plusieurs vies à vivre dans celle-ci, je laisse derrière moi la sédentarité, je pars à la découverte ... j'ai troqué ma maison contre une caravane, j'ai gardé mes crayons, mes couleurs, mon appareil photo.
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