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Les carnets de La Nomadeuse
12 janvier 2015

De la solitude ou autre(s) chose(s)...

Il est un article que j’ai voulu écrire il y a plus d’une semaine, mais je n’avais pas les mots, je ne voulais pas tomber dans la plainte, je voulais analyser et partager, puisque je me trouvais confrontée à un problème propre aux voyageurs-voyageuses solitaires, le sentiment de solitude et de perte de sens que l’on peut éprouver parfois …

Le sentiment de blues est passé, du coup c’est peut-être plus facile d’en parler maintenant … je me lance …

Avant même de partir, je n’avais peur de rien, si ce n’est de parfois d'éprouver de la solitude … pas de cette petite solitude avec laquelle je m’accommode facilement, voire que je recherche … non plutôt une forme d’isolement … le fait d’être loin de mes proches (famille et amis), en un mode de vie plutôt marginal, avec des changements constants, donc des relations forcément éphémères, et en pays étranger, avec donc aussi cette barrière de la langue qui empêche les discussions approfondies, je craignais d’avoir à affronter à certains moments, cette zone d’inconfort …

Certains m’ont dit « … mais non, tu ne seras jamais vraiment seule, telle que je te connais … », d’autres m’ont dit « … c’est sûr, tu auras des moments de solitude … ». Je ne vous parle pas de ceux-celles qui me disaient « Mais tu n’as pas peur, de partir comme ça, toute seule ? » Là, je répondais « non », car c’est vrai, je n’avais pas peur, et je n’ai toujours pas peur : que peut-il m’arriver ? En réalité, je ne suis jamais seule : si j’ai le moindre souci, il y a toujours quelqu’un dans les parages pour m’aider … Ce n’est pas forcément quand je suis seule que j’éprouve la solitude et l’isolement, et justement, ce serait plutôt quand je suis entourée de gens que je peux éprouver ce sentiment … alors de quoi je parle, de solitude ou d’isolement ? Principalement d’isolement, et plus précisément de sentiment d’isolement …

La première fois que j’ai éprouvé cela, c’était chez Josie, à l’oliveraie : toutes ces discussions incessantes en anglais auxquelles je ne pouvais prendre part, car ça allait trop vite, et pour certains avec un accent incompréhensible … là, au fil des heures et au fil des jours, vous vous sentez vraiment seul(e), quand vous côtoyez des gens et que la communication est hyper brève et basique (de plus, les jeunes ne faisaient guère d’effort pour se mettre à mon niveau) ; heureusement, avec Josie, nous avons instauré notre temps de parole à deux, ça me faisait du bien de communiquer un peu, c’était le soir pendant qu’il préparait les repas, et ensuite, lorsque les jeunes sont partis, on discutait longuement toute la soirée (mais bonjour le mal de tête pour moi, c’était intellectuellement épuisant, car les sujets étaient plutôt philosophiques ou sociologiques, du type argumentaire … aïe aïe aïe …). Là, ce n’était plus d’isolement que je souffrais, mais de ce sentiment d’impuissance à pouvoir exprimer clairement mes pensées, d’autant que parfois, je n’avais pas de pensées claires, plutôt des doutes ou des questionnements, comment exprimer ces subtilités … ça se finissait souvent par un geste de lassitude du type « laisse béton » … Mais enfin quand-même, merci Josie pour ces bonnes soirées !!!

J’ai éprouvé cela aussi quand j’étais chez Kevin et Glenda, surtout quand je m’apercevais qu’il se passait quelque chose, et que j’étais à côté de la plaque car je n’avais pas entendu-compris ce qui se disait (en anglais toujours) … L’arrivée de Tina, qui parlait aussi couramment l’anglais que le français m’a sauvée … de plus Tina était une jeune fille très intéressante, elle n’était pas qu’une traductrice pour moi, elle a été une amie agréable avec qui j’ai partagé de bons petits moments de complicité … (Tina, si tu me lis, je t’embrasse! et envoie-moi un message en perso, je n’ai pas ton mail …)

Ensuite est arrivée Fanny, ma fille, pour une semaine … joie … et quand elle est partie, grand vide … durant son séjour, j’ai quitté la finca andalouse, à ce moment-là nous étions « coincées » dans la région de Malaga car c’est là qu’elle avait son départ de bus pour le retour, et je ne savais pas trop où j’allais diriger mes pas une fois qu’elle serait repartie …

A Bolnuevo, j’avais rencontré une jeune femme française avec qui je partageais des centres d’intérêt essentiels, basés sur la spiritualité. J’ai décidé de rebrousser chemin vers l’est, afin de me poser de nouveau là-bas, en cet endroit que j’avais tant apprécié, et dans l’optique de partager d’intéressants moments avec Linda. Malheureusement, le camping était complet … je n’avais pas envie de demi-mesure, alors j’ai filé plein ouest, ne sachant où je me poserais … j’ai atterri au Portugal …

Je me suis sentie tout de suite bien, mais le départ tout récent de Fanny me pesait toujours un peu, et je commençai à douter sérieusement de mes choix … Pas celui du voyage et du nomadisme, non non, plutôt de la façon de le faire, et où …

Les premiers jours ici, au camping d’Armaçao de Pera ont été mitigés pour moi : je me suis vue complètement coincée par les chiennes … Plume venait de passer quasiment deux mois en liberté (chez Josie et chez Kevin), Terra n’avait jamais connu l’attache (hormis ses trois premiers jours loin de sa terre natale). Elles se retrouvaient brusquement privées de leur liberté de mouvement, et du même coup, moi aussi je me retrouvais coincée … Ce n’était pas facile, je devais m’adapter à elles, et j’ai eu le sentiment que mes journées allaient être rythmées par leurs besoins fondamentaux (bouffe, pipi-caca, promenade) … pas possible de faire du tourisme avec une Plume qui se prend pour un chien de traîneau dès qu’elle est en laisse … pas possible de les laisser dans la caravane, car la petite Terra pleure (aïe les voisins), peut faire pipi sur mon lit (aïe ma nuit), ou déchiqueter une banquette (aïe, c'est une éventualité)… pas possible de les emmener et les laisser dans la voiture, car il fait trop chaud … j’ai tenté quand-même de les emmener, mais Plume était « infernale » (ce n’est pas un monstre, mais toute mon énergie était focalisée sur le fait de la contenir ou de la surveiller) … bref, je me voyais posée ici, et à ne rien pouvoir entreprendre …

Cela m’a amenée à réfléchir à ce que j’allais faire cet été : je ne me voyais pas m’embarquer dans le périple « pays Baltes » … j’ai commencé à regarder une autre destination plus modeste : l’Allemagne ? l’Autriche ? la Belgique et le nord de la France ? et puis ça m’a saoûlée (surtout en voyant les taxes à payer pour l’Autriche et la Suisse) et au fond, est-ce vraiment de tourisme dont j’avais besoin ? Non, le tourisme, c’est pour moi une activité annexe au voyage en tant que nomade … ce n’est pas mon but premier … et faire du tourisme avec les chiennes, pas top pour l’instant … de quoi avais-je envie-besoin en fait ??? j’avais envie-besoin de contacts humains vrais, aisés, et profonds … j’avais envie-besoin de partages en toute amitié, dans ma propre langue, la langue française, où je n’ai pas à me contenter d’approximations … où je comprends l’implicite sans craindre de faire une erreur d’interprétation … envie-besoin de complicité, celle que l’on partage avec ceux que l’on connaît bien, ou bien ceux que l’on découvre au détour du chemin, et qui sont sur la même longueur d’onde que vous … alors, j’ai songé à rentrer en France, j’ai pensé à ma sœur qui se bat courageusement avec son Mister G, pour finir les travaux de la maison et emménager, j’ai eu envie de remonter dare-dare en Dordogne et mettre la main à la pâte …(ouiiii, il y a un camping permanent pas loin de chez eux ! ) et tant pis pour le soleil … à quoi ça sert un beau soleil, si dans le cœur il fait froid ? à ce moment-là, je préférais avoir chaud au cœur, quitte à avoir froid aux pieds … et me rendre utile, sinon, quel sens a vraiment ma vie ?

Je réfléchissais à ma façon de nomadiser en France (c’était mon projet au départ !!! ) : aller de place en place, sur des lieux de vie en cours de construction, voir si je pouvais m’y intégrer, partiellement (dans le temps), participer à des évènements qui font sens pour moi, auxquels je ne pouvais pas forcément participer quand je travaillais, faute de temps … apprendre ou approfondir des techniques, en travail énergétique, en activité créatrice, en connaissances ésotériques, participer à des chantiers volontaires en éco-construction, éventuellement aussi faire du workaway (ces deux options une fois bien remise avec mes côtes blessées) … pour les chiennes, dans certains de ces moments-là, pas de problème : la pension canine pendant quelques jours, Plume n’a pas eu l’air malheureuse en Bretagne quand elle est allée « en colo » … bref, je cogitais à tout cela, je voulais en parler à ma petite sœur, sauf que … à ce moment-là, durant quelques jours, le restaurant du camping où on peut se connecter confortablement était exceptionnellement fermé … j’ai alors dû patienter, et j’ai continué à cogiter …

Bon, OK, je suis coincée par les chiennes, alors on prend le problème de ce côté-là : voilà une activité à part entière, faire le dressage de Terra (qui est une jeune chienne très facile, les embêtements liés au chiot sont là, mais minimes !!!) et retravailler la marche au pied avec Plume … faire du tourisme, est-ce si important, j’ai déjà visité les alentours il y a quelques années … et voilà ce qui m’a « sauvée » : la découverte de cette longue plage (comme quoi, je n’avais pas tout vu dans le coin), un paradis pour moi comme pour les chiennes …

J’ai fait le point sur les conditions de vie de base ici, dans ce camping … elles sont excellentes, je ne peux pas rêver mieux … je me trouve confrontée à une situation qui doit être transformée ici et maintenant (le problème des chiennes) alors autant le faire ici et maintenant, dans ces conditions « parfaites » …
Ici, j’ai tout ce dont je rêvais pour me refaire une santé et me relaxer : beaucoup de lumière, de la chaleur, l’air marin, un temps divinement estival … un emplacement en plein soleil, un terrain vague entièrement clôturé pas loin de mon emplacement pour les « urgences » du matin et du soir, une belle plage à 10 mn à pied (3 en voiture) pour les longues promenades en liberté, et pour laisser l’esprit vagabonder dans la beauté des éléments … des voisins français pour le brin de causette, une connexion internet gratuite dans des conditions confortables … une petite ville à taille humaine, sans grandes prétentions touristiques, avec son vieux quartier piéton, ses petits commerces, ses plages aux caractères variés …
Non, c’est décidé, je reste pour l’instant …

Quant à mon blues, il s’est effacé grâce à ma belle promenade …

Alors oui, je pense que je vais nomadiser en France comme je le pensais au début de mon projet … j’irai aussi explorer l’Europe, tranquillement, au feeling, sans me donner d’échéances ni même de grandes lignes : je verrai au fur et à mesure … mais pour l’instant, je suis dans un endroit qui me permet de me revitaliser, et même si j’ai l’impression de ne pas faire grand-chose, il se peut qu’en profondeur, il y ait du travail en cours …

Pour l’anecdote : j’ai acheté une plus grande cage pour Plume, ainsi Terra hérite de celle qu’avait Plume, exit la cage pour mini chien … les virées en voitures deviennent plus confortables … j’ai aussi acheté pour Plume le harnais de dressage pour la marche au pied, de la marque Trixie, l’ « Easy walk » que j’avais hésité à acheter en France … à Bolnuevo, on me l’avait recommandé … je l’ai trouvé ici à 6 euros seulement, alors j’ai pris le risque de « l’achat pour des prunes », que nenni, cet harnais est très efficace, je vais donc entamer une nouvelle ère de promenade en laisse avec Plume … quant à Terra, je l’habitue à toutes sortes de situations, la dresse au rappel (révisions pour Plume) avec des friandises puantes qui les rendent dingues-accros, et pour faire passer les longues heures à l’attache, j’ai trouvé le truc : je vais leur acheter des pieds de cochon (oui je sais , pour l’éthique, c’est raté), ça les occupe un bon moment, et ainsi je peux bouquiner ou surfer en toute quiétude …

Comme toujours, j’ai encore digressé dans cet article, je voulais vous faire part de mes états d’âme et questionnements entre solitude et isolement, je n’ai pas dit la moitié de ce que j’avais prévu, et je termine sur mes derniers achats canins … bon, ainsi vont la vie et les pensées … je ne suis pas là pour faire des dissertes, merde …

Allez, pour illustrer l'article, cette photo que j'ai sous le coude depuis longtemps, je l'adore ... (trouvée sur le web ...)

les deux amis mini

 

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Commentaires
F
Merci petite soeur, tu es un amour ( et moi, je m'en doutais, que tes antennes allaient frétiller ...) <br /> <br /> Skype, j'y pense et puis j'oublie ... je ne sais pas ... ça a ses avantages et ses inconvénients ... en tous cas ici, au moment même où je t'écris, c'est un vrai bazar: plusieurs connexions skype autour de moi, en néerlandais, en anglais et en français ... mais ce serait marrant de faire une table ronde "France-Portugal-Mexique-Québec"... et il faut bien accorder les montres (si on en a) ... <br /> <br /> Dans la salle à côté, c'est soirée danse en ligne ... ça pourrait m'amuser, mais je suis trop indisciplinée pour ça: incapable de faire le même mouvement plus de trois fois de suite (dans les bals folks on est de vrais electrons libres, avec ma copine Marie ...) En même temps, ça peut vider la tête, ça ressemble à un mandala carré ce genre de danse ...<br /> <br /> Dans mon dos ça s'exclame et ça rit au dessus de la table de billard, et en face de moi, le feu discret mais bien présent, me sourit ...<br /> <br /> Voilà, tu as l'ambiance de ce soir en direct ... Je t'embrasse
O
Ho j'ai senti tout ce que tu écris (mon côté medium..), on a communiqué par nos esprits et nos coeurs car je t'ai entendu...et je me suis dit que tu allais me telephoner, d'ailleurs tu peux me telephoner :) quitte à ce que je te rappelle, et comme nous te l'avions dit il y aussi skype qu'il ne faut pas négliger, tu pourrais voir et discuter avec Kaz au Mexique, avec Lolo à Montréal, voir même tous les 3 ensemble :), nous pourrions prendre le thé de temps en temps toutes les 2...<br /> <br /> le principal c'est que tu sois contente de ce que tu fais, peu importe la façon de faire, tu n'as de compte à rendre à personne, je comprends que les chiennes peuvent être "pesantes" parfois...je suis contente que tu aies découvert cette plage<br /> <br /> la Dordogne c'est quand tu veux :)<br /> <br /> des gros gros bisous tout doux
Les carnets de La Nomadeuse
  • Nomade je deviens ... jeune retraitée qui a encore plusieurs vies à vivre dans celle-ci, je laisse derrière moi la sédentarité, je pars à la découverte ... j'ai troqué ma maison contre une caravane, j'ai gardé mes crayons, mes couleurs, mon appareil photo.
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