L'imagerie d'Epinal
On emploie volontiers l'expression "image d'Epinal" pour désigner des situations ou un sujet qu'on veut à la fois simplifier et enjoliver, à la limite de la naïveté, et qui est un peu "dépassé" ...
A-t-on toujours idée de ce qu'étaient, au sens propre, les images d'Epinal ??? Sans doute pas en ce qui me concerne ... j'ai été bien surpise en les découvrant, et en ne trouvant pas ce que je pensais trouver ... comme quoi, dans mon imaginaire, l'image d'Epinal avait d'autres couleurs, d'autres aspects ... En fouillant dans ma mémoire et sur le net, j'ai dû convenir que j'avais confondu les "images d'Epinal" avec celles éditées par Rossignol ... (grave, pour une instit' ...)
Les images populaires, faites pour informer et instruire, mais aussi pour canaliser, moraliser, et orienter politiquement, existaient déjà un peu partout en France et en Europe, lorsque, à la fin du 18ème siècle, un certain Jean-Charles Pellerin, marchand-cartier-dominotier vosgien souhaite devenir "imagier" ... Il va fonder en 1796 à Epinal ce qui deviendra la très fameuse Fabrique Pellerin, créant des images à partir de supports gravés sur bois, imprimées sous des presses Gutemberg, colorées au pochoir ... Il démarre avec ce qui se vend le plus alors, les images pieuses et les représentations des soldats napoléoniens ...
Pas tout à fait soldats napoléoniens ici, mais ça donne idée des nombreuses images de soldats qui sortaient de l'imprimerie ...
La petite entreprise artisanale va se développer considérablement, s'adapter sans cesse, aux demandes aussi bien qu'aux nouvelles techniques, elle aura même ses propres machines exclusives, qu'on peut encore voir aujourd'hui fonctionner, pour certaines éditions spéciales ... à son apogée, l'Imagerie d'Epinal emploiera jusqu'à 150 salariés, tirera jusqu'à 13 millions de planches par an, exportera aussi bien en Amérique que vers la Russie ...
Après la première guerre mondiale, la concurence des nouveaux médias la mettent un peu en difficulté, elle ne périclite cependant pas, mais en 1984, elle doit déposer le bilan ... elle est prise en charge par des actionnaires locaux qui veulent sauver ce patrimoine local d'exception ... En 2014, l'imagerie est reprise par deux entrepreneurs qui la revitalisent et obtiennent le label d'Entreprise du Patrimoine Vivant .
L'épopée napoléonienne revisitée avec un humour décapant ...
Deux versions contemporaines de saint Nicolas (dont l'une apparaît dans la vidéo ...)
"Les eaux des Vosges"
Je vous ai fait un petit résumé, pour la petite histoire ... pour ceux qui veulent aller plus loin, il suffit de cliquer sur les liens, concernant plus précisément les images d'Epinal, ou l'histoire détaillée de l'Imagerie ... la très classique wikipedia offre un article assez intéressant aussi pour ceux qui sont pressés ...
Le passé est une chose, le présent en est une autre ... quand on parle d'Image d'Epinal, on ressent toujours quelque chose lié au passé, je vous invite à aller visiter cette page qui nous parle de l'Imagerie d'aujourd'hui, et de ses deux nouveaux patrons, Christine Lorimy et Pacôme Vexlard.
Avant de passer à la petite vidéo made in caravane, je ne résiste pas à vous présenter la magnifique, la sublime vache Vosgienne dont je suis amoureuse, mais dont je n'ai aucune photo ... c'est aussi un exemple d'une des nouvelles tendances des images contemporaines, alliant parfaitement tradition et modernité ...
Modeste petit reportage vidéo lors de ma visite de l'imprimerie: pour vous aider, on y voit une démonstration sur une presse ancienne de type Gutemberg, des supports anciens en bois (xylographie), en métal, puis en pierre (lythographie). Les supports lythographiques datant du 19ème siècle sont toujours utilisables de nos jours, c'est très émouvant de les regarder de si près, notamment la grande pierre représentant "la cantinière des zouaves" ... On voit une démonstration d'égrenage de la pierre pour la rendre plus lisse et plus douce qu'une peau de bébé ... Ensuite dans l'atelier de production, on voit deux jeunes gens travailler à l'ancienne (mais à partir de supports issus de techniques modernes) ... enfin, une démonstration de la fameuse machine créée spécialement pour la maison Pellerin à la fin du 19ème siècle, et qui fonctionne toujours pour des éditions spéciales (notamment pour l'affiche du Napoléon râleur en exil ...)
Après la visite guidée d'une partie de l'imprimerie, c'est un vrai régal que de faire un tour à la boutique, qui donne à voir des dizaines d'affiches contemporaines de tous styles, en plus de quelques affiches anciennes ... il y en a pour toutes les bourses, selon les formats et les techniques utilisées ... on peut aussi faire un tour de boutique en virtuel, mais franchement, les photos ne rendent pas du tout l'aspect des versions papier ... c'est bien dommage ...
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