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Les carnets de La Nomadeuse
10 mai 2016

Quand des nomadeuses se rencontrent et parlent de leur vie ... en mouvement (5)

Lalla: J'ai été en co-loc' à une époque, mais je me suis retrouvée à la porte ... c'est là que j'ai commencé Compostelle ... J'ai aimé m'être posée comme ça, pendnat 4 ans, le plus important pour moi, c'était d'avoir nourri du relationnel, et que les gens venaient à moi ... Sinon, souvent, on considère que c'est à moi de venir ...

Sylvie: Moi c'est pareil ... où j'habitais, je fédérais beaucoup de monde autour de moi, ça circulait bien, mais moi je n'étais jamais invitée ... Quand je l'ai dit, on m'a dit que j'avais toujours l'air occupée, mais non, j'étais toute seule ... ça me foutait en colère, et puis j'ai accepté ... je me suis sentie obligée de partir, parce que ça fout un coup à ton image, à ton identité ... quand je suis revenue, au bout de 6 mois - c'est comme si j'avais été en exil - à mon retour, tout le monde était content de me voir ... Je me demande si ce n'est pas mon âme qui a cette exigence de passer par ces initiations liées à la solitude, au rejet ... peut-être qu'il faut en passer par-là en tant que femme-clown-medecine ... ça me pousse à lâcher mes repères, mes a-priori, et à être heureuse malgré tout ... Il y a des moments où je me dis "OK, je vais encore être toute seule, et merci la Vie" et là, la joie monte ... Je suis en vie ...

Angélique: J'ai éprouvé ça en Amérique du sud, mais là, en France, j'éprouve une solitude différente, pesante, et même j'éprouve de la peur ... Tu peux être entourée de gens et être seule: il n'y a pas de contacts vrais ... En voyageant seule en Amérique du sud, je ne me suis jamais sentie seule ... je vibrais dans l'instant présent ... là, en France, j'ai l'impression de ne pas vivre ma vie, mais que c'est comme si je devais en passer par là ...

Sylvie: Oui, c'est pourquoi j'ai besoin d'être en nature, et trouver de la compagnie en moi-même ... Bien sûr, que je peux être heureuse seule, mais je sais que je ne suis pas allée jusqu'au bout, là jusqu'où l'autre comble un vide ...

Angélique: Dans la nature, je m'éclate avec les ondines, mais des fois, ce lien avec l'invisible, il m'arrive d'en douter ...

Angélique: En Amérique du sud, j'étais en lien avec les gens, tout le temps ... j'étais dans l'action, dans le faire ... je créais des bijoux, je les vendais, je jonglais, je dansais, il fallait que je trouve à bouffer et où dormir ... là, tu es dans la survie ... et quand tu es en groupe, tu fais tout ça pour le groupe ... J'étais en lien avec ma tribu, par mon troc et mes actions ... mais ici, les rapports sont tellement différents ... mais bon, en ce moment, je sais que j'ai un autre "travail" à faire, ici, en France ... Et je suis contente aussi de pouvoir parler de tout ça et de pouvoir poser mes plaintes dans ce cercle ...

Sylvie: En ce moment j'ai vraiment envie de me poser et de vivre en slow life, pour aller à l'essentiel ... j'ai toujours été speedée, et là, j'ai tellement envie de peindre et d'écrire ... je ne m'octroie pas tellement de temps de création juste pour moi, car je suis toujours en train de réfléchir pour animer des stages, créer des spectacles, mais maintenant, je voudrais aussi créer juste pour moi, sans pression ... Ah, c'est vraiment pas simple de sortir du formatage de la société ... J'ai déjà réussi à sortir de la culpabilité par rapport à mon père, car je n'étais pas celle qu'il souhaitait ... mais heureusement, ça a évolué puisque maintenant on (mon père, le village ...) me considère comme "bohême" ... ça me plaît : il y a "beau" et "aime" ...

Angélique: En Amérique du sud, on me surnommait "Vendeuse de Rêve" ... eh oui, tu es là, au feu rouge, tu jongles, tu danses, les mecs dans leur voiture, ils vont bosser, et le temps d'un feu rouge, tu leur donnes du rêve ... c'était pareil avec les bijoux dans la rue ... La vie devient un théâtre, un jeu, une folie douce ...

Sylvie: Un jour, à Bordeaux, j'ai remonté une grande rue en jouant du tambour ... je l'ai fait en conscience chamanique ... et ça prend une bonne demie-heure de remonter toute cette rue ... des gens souriaient, certains ne captaient pas, les seuls qui étaient "dedans", c'étaient des gens comme toi, Angélique, et ils criaient "Ouaaaais !!!" ... mais de toute façon je ne le faisais pas pour capter l'attention, mais c'est pour dire, entre ceux qui étaient réceptifs ou pas ... malgré tout quand je vois un sourire qui naît sur un visage, je sais que j'ai touché quelque chose ...

Angélique: Et tu as fait le clown dans la rue ?

Sylvie: Oui, je l'ai fait, mais avec d'autres, on appelle ça un "lâcher de clown" ... une fois à Sarlat, j'ai fait le clown seule, mais un copain filmait, alors ce n'était pas vraiment en solo ... ce jour-là, j'avais une petite cocotte en papier ... il y a un jeune couple que j'ai abordé, ils ont tiré une phrase en rapport avec le voyage ... eh bien je leur ai fait dire, poser, "dans un an on partira en voyage" ...

 

Il était très tard, Lalla était partie se coucher, Fanny s'était endormie près de nous ... nous avons arrêté là ...

Le lendemain matin, Lalla a repris la route ... Fanny, Angélique, Sylvie et moi nous sommes retrouvées au Marché d'Esperaza ...

Copie de P4240173

Sylvie attend son sandwich indien et son tchaï ...

Copie de P4240184

... tandis que Fanny se nourrit de musique cristaline ...

Nous sommes revenues sur certains propos de la veille, et combien ça faisait du bien de parler de tout ça, que ça nous confortait dans nos choix et nos aspirations, notamment continuer à voyager, tout en ayant une base, ou plutôt des bases, reliées par notre réseau d'amitié, d'où l'on pourrait partir et où l'on pourrait revenir, à tout moment, en toute sécurité, en respect et soutien mutuel ...

Copie de P4240190

Les nomadeuses: Flo, Sylvie, Fanny, Angélique, et notre amie Sarah au centre ...

A midi, nous avons serré dans nos bras Sylvie qui restait encore quelque temps dans l'Aude ... Fanny avait un rendez-vous de co-voiturage à Carcassonne en fin d'après midi ... avec Angélique nous avons décidé de flâner avec elle dans la Cité, et peut-être continuer notre discussion dans un café ...

à suivre ...

Copie de P4240191

Fanny et Angélique à l'entrée de la Cité de Carcassonne

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Commentaires
M
Est-ce qu'il n'y a pas non plus un sentiment de ne se sentir bien ou "chez soi" nulle part ? C'est juste une question , un ressenti suite à ces échanges, mais je me trompe peut-être complètement. Ce "reportage" que tu fais sur ces nomadeuses me fait un peu penser à la chanson de Francis Cabrel "Les murs de poussière". <br /> <br /> Je comprends aussi ce désir de "bohême", quelquefois j'ai envie de partir moi aussi. Je ne l'ai jamais fait pour tout un tas de raison, la première étant que je ne suis pas très courageuse en fait ;-) , mais aussi, j'éprouve tant de plaisir à semer et faire pousser (même si ça ne réussit pas toujours ;-) ) , à voir les saisons défiler sur mon potager et mon jardin, qu'il me semble que ça me manquerait si je devais être toujours sur les routes et ne m'attacher à rien.<br /> <br /> En tout cas, le sujet est suffisamment intéressant pour y trouver matière à réflexion. Merci à toi pour ça :-)
C
Et l'aventure continue! Merci du partage! Bises et bon mardi !
C
Nous aurions pu nous rencontrer au pied de Dame Carcas<br /> <br /> http://chinou.canalblog.com/
Les carnets de La Nomadeuse
  • Nomade je deviens ... jeune retraitée qui a encore plusieurs vies à vivre dans celle-ci, je laisse derrière moi la sédentarité, je pars à la découverte ... j'ai troqué ma maison contre une caravane, j'ai gardé mes crayons, mes couleurs, mon appareil photo.
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